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Olivier Girardin

COVID-19 - devons-nous attendre le vaccin pour permettre à l'économie de repartir ?

Dernière mise à jour : 15 sept. 2020



Pandémie COVID 19 - que pouvons-nous espérer et dans quel délai ?


Lorsque le coronavirus (SRAS-CoV-2) est apparu à Wuhan fin 2019 et a commencé à se propager dans le monde entier, la communauté scientifique et les autorités étaient d’abord très dubitatives. Les risques de dissémination, notamment en Europe, devaient être limités selon nos autorités et les experts.


Le développement de la pandémie en Italie du nord en ce début d’année a cependant sonné l’alerte et les scientifiques et autorités se sont alors mobilisés d’une manière rarement vue pour lancer le développement d'un vaccin contre la COVID-19. Ceci dans un contexte où après 7 mois, plus de 17,5 millions de personnes ont été contaminées et 678’091 sont décédées (worldometers.info du 31 juillet 2020).


Depuis, nous observons un plongeon des économies, mesures sanitaires en ordre dispersé et bilan humain toujours plus lourd, notamment aux USA : « cette pandémie est une crise sanitaire comme on n’en voit qu’une par siècle, et ses effets seront ressentis pour les décennies à venir », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.


Des centaines de personnes et d'institutions - dans le monde universitaire, la biotechnologie, les gouvernements et l'industrie pharmaceutique - se sont lancées dans l'une des entreprises scientifiques les plus importantes jamais vue : trouver un vaccin permettant de maîtriser la pandémie en cours.


Les gouvernements, les agences, les fondations (par ex. Bill Gates) et le secteur privé ont apporté leur soutien financier. Quant aux organismes de réglementation, ils ont fait preuve d'une grande souplesse et d’une rapidité étonnante dans leur collaboration avec les chercheurs.


Aujourd'hui, après 6 mois, plus de 260 candidats vaccins sont en cours de développement dans le monde, plus de 30 sont déjà en cours d'études cliniques, notamment en Afrique du Sud, Royaume-Uni, Brésil, États-Unis et Russie. Environ 20 autres vont être testés sur l'homme, encore cette année.


Afin de faire le point, nous avons examiné les informations accessibles au public sur le délai potentiel de développement des candidats vaccins COVID-19 par rapport à d'autres vaccins, ainsi que les obstacles potentiels. Nous nous sommes entretenus avec quelques experts en épidémiologie et en santé publique basés en Suisse.


Les points clefs ressortant de cette revue sont :

  • Les développeurs de vaccins et les responsables gouvernementaux vont rendre public le calendrier de mise à disposition des vaccins candidats entre la fin de cette année et le premier trimestre de 2021. La Russie notamment vient d’annoncer qu’elle a commencé à utiliser à large échelle un vaccin produit par l’institut Nikolaï Gamaleï. Quant au vaccin américain Moderna, il est entré dans la dernière phase de test à fin juillet 2020. Pour ce faire, il est prévu un collectif de 30'000 personnes ;

  • Les premières données sur la sécurité et l'immunogénicité1 des vaccins dans les essais de phase I et II sont assez prometteuses ;

  • Les caractéristiques distinctes du virus, le nombre d'efforts de développement et l'accès sans précédent des laboratoires au financement sont autant de raisons de croire qu'un vaccin COVID-19 peut être développé plus rapidement que tout autre vaccin dans l'histoire. (Il a fallu près de quatre ans pour mettre au point le vaccin contre les oreillons) ;

  • Plus de 50 candidats devraient être soumis à des essais sur l'homme en 2020, et 250 candidats vaccins au total sont en cours de recherche. Les taux d'attrition historiques suggèrent qu’il pourrait en ressortir au moins une dizaine de vaccins approuvés au cours de ces toutes prochaines années ;

  • Ceci étant face à une certaine euphorie, la communauté scientifique met en garde sur l’éventualité d’un échec et que jamais la formule d’un vaccin anti-Covid 19 ne puisse être trouvée ;

  • Les organismes de réglementation sont encore en train de finaliser les lignes directrices pour les vaccins COVID-19. De récentes orientations de la Food and Drug Administration (FDA) américaine, par exemple, suggèrent la nécessité de disposer de plus de données avant d'accorder des autorisations d'utilisation d'urgence. Les détails sont encore en cours d'élaboration ;

  • Les fabricants de vaccins ont annoncé une capacité cumulée qui pourrait produire jusqu'à un milliard de doses d'ici à la fin de 2020 et neuf milliards de doses d'ici fin 2021 ;

  • En conclusion, tout porte à croire que les premiers vaccins COVID-19 pourront être disponibles pour des populations ciblées entre la fin de cette année 2020 et le premier trimestre de 2021. C’est d’ailleurs ce que Dr Anthony Fauci, le directeur du National institute of Allergy and infectious Diseases a déclaré à CNN le 8 juin dernier ;

  • Le rôle que ces vaccins joueront en définitive dans la réponse mondiale à la pandémie dépendra de toute une série de facteurs, par exemple l'épidémiologie et la transmission de la maladie, la durée de l'immunité contre l'infection naturelle, le profil des vaccins et la disponibilité de médicaments et de diagnostics complémentaires.

  • On suppose toutefois que les vaccins joueront un rôle déterminant dans la plupart des scénarios de réponse et qu'ils pourront "permettre de sortir de la crise actuelle". Dans tous ces scénarios, les vaccins serviront de bouclier contre les chocs sanitaires et économiques découlant de la pandémie en cours ;

  • Enfin, divers traitements thérapeutiques sont à l’étude. Divers médicaments sont prometteurs. Notamment le Tocilizumad. En outre, l’Institut Pasteur a annoncé la mise en place très prochaine d’un essai clinique qui vise à “évaluer et comparer trois combinaisons thérapeutiques” :

    • le remdesivir (un antiviral développé pour traiter la maladie à virus Ebola) ;

    • le lopinavir (un antiviral utilisé contre le VIH) ;

    • la combinaison lopinavir + interféron (protéine qui booste les défenses immunitaires).


Hpartner Sàrl

Août 2020



1 - Capacité pour toute substance, soluble ou particulaire, protéique ou non, de provoquer une réponse immunitaire spécifique dans un organisme qui lui est étranger.

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